Cyberescroquerie à la nigériane : 11 suspects arrêtés, un réseau démantelé

19 janvier 2022
Par son soutien, INTERPOL contribue à protéger le cyberespace et à traduire en justice les malfaiteurs

La police nigériane (NPF) a arrêté 11 membres présumés d’un réseau cybercriminel très actif, dans le cadre d’une opération nationale de police coordonnée par INTERPOL.

Les suspects, qui ont été appréhendés par des fonctionnaires de l’unité de la NPF chargée de la lutte contre la cybercriminalité et du Bureau central national INTERPOL (B.C.N.) du Nigéria, seraient en grande partie membres du groupe « SilverTerrier », un réseau connu pour se livrer à des escroqueries aux faux ordres de virement (FOVI) ayant causé un préjudice à des milliers de sociétés dans le monde entier.

Une opération fondée sur le renseignement

Dans le cadre de l’opération Falcon II, menée 10 jours durant (du 13 au 22 décembre), 10 policiers de la NPF ont été déployés depuis Abuja (où se trouve le siège de cette administration) jusqu’à Lagos et Asaba en vue de l’arrestation des suspects, qui avaient été préalablement identifiés grâce à des renseignements fournis par INTERPOL.

Le travail sur le terrain a été précédé d’une phase d’échange et d’analyse de renseignements, au cours de laquelle les services nigérians ont utilisé le réseau mondial sécurisé de communication policière d’INTERPOL, I-24/7, afin de coopérer avec des services de police étrangers qui enquêtaient également sur des escroqueries aux FOVI liées au Nigéria.

Le Secrétariat général d’INTERPOL a appuyé les opérations sur le terrain 24 heures sur 24, en extrayant et en analysant au moyen d’outils de criminalistique les données contenues dans les ordinateurs et les téléphones portables saisis par la NPF lors des arrestations.

D’après ces premières analyses, les escroqueries aux FOVI commises par l’ensemble des suspects pourraient avoir concerné plus de 50 000 cibles.

L’un des suspects arrêtés détenait sur son ordinateur les identifiants de connexion de plus de 800 000 victimes potentielles.

Un autre suspect avait suivi des conversations entre 16 entreprises et leurs clients, et détourné des fonds au bénéfice du réseau « SilverTerrier » chaque fois que des opérations commerciales étaient sur le point de se conclure.

Un autre individu encore était soupçonné d’avoir pris part à une escroquerie aux FOVI dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, parmi lesquels la Gambie, le Ghana et le Nigéria.

« Parce qu’INTERPOL a attiré l’attention du Nigéria sur cette menace cybercriminelle grave, j’ai pu donner l’ordre de traquer au niveau national ces malfaiteurs qui agissent partout dans le monde, et de les débusquer quel que soit l’endroit où ils se cachent dans mon pays », a déclaré M. Garba Baba Umar, Assistant Inspector General of Police (Directeur général adjoint de la police), Chef du B.C.N. du Nigéria et Vice-président d’INTERPOL pour l’Afrique.

« Les résultats remarquables de l’opération Falcon II ont permis de démanteler ce dangereux groupe de cybermalfaiteurs et de protéger les citoyens nigérians contre de nouvelles attaques. J’encourage les autres pays membres africains à collaborer avec INTERPOL afin de débarrasser notre continent de la cybercriminalité et de rendre le cybermonde plus sûr », a ajouté M. Umar.

Remonter la piste de l’argent dans le monde entier

Les escroqueries aux FOVI relèvent à la fois du domaine cyber et du domaine financier, et l’opération Falcon II a été l’occasion pour les pays « pionniers » qui sont membres du Groupe spécial mondial d’INTERPOL sur la criminalité financière – dont le Nigéria – de collaborer dans le cadre d’enquêtes financières transfrontalières en lien avec l’opération.

Aujourd’hui, le Groupe spécial d’INTERPOL coordonne les mesures complémentaires dont font l’objet les comptes bancaires du groupe « SilverTerrier » et partage avec les pays membres des renseignements sur les identifiants de connexion des victimes potentielles afin d’empêcher de nouvelles escroqueries.

« L’opération Falcon II adresse un message clair, à savoir que la cybercriminalité aura de graves répercussions pour ceux qui se livrent à des escroqueries aux FOVI, et cela est particulièrement vrai au moment où nous poursuivons notre offensive contre les cybermalfaiteurs, en détectant et en analysant chacune des traces qu’ils laissent dans le cyberespace », a déclaré M. Craig Jones, Directeur de la Cybercriminalité d’INTERPOL.

« INTERPOL fait bloc contre des groupes tels que « SilverTerrier ». Les enquêtes progressent et nous comprenons désormais très bien le mode de fonctionnement de ces groupes et la façon dont ils pratiquent la corruption pour réaliser des profits. L’opération Falcon II nous a permis de savoir où attaquer et qui cibler à présent », a ajouté M. Jones.

Des partenariats essentiels

Menée sous la conduite de la Direction de la Cybercriminalité d’INTERPOL à Singapour, l’opération Falcon II a uni dans une démarche de coopération le Groupe spécial mondial d’INTERPOL sur la criminalité financière, les services nigérians chargés de l’application de la loi, plusieurs équipes d’experts d’INTERPOL et les partenaires privés essentiels que sont l’Unité 42 de Palo Alto Networks et l’équipe chargée des enquêtes sur les cyberinfractions au sein de la branche Asie-Pacifique (APAC) de la société Group-IB.

Sous l’égide de l’initiative Gateway d’INTERPOL, ces partenaires ont apporté leur concours aux enquêtes en partageant des informations sur les membres du groupe « SilverTerrier » et en analysant les données afin de situer la structure de ce groupe au sein de l’ensemble de l’organisation criminelle. Ils ont également assuré un rôle essentiel de conseil technique spécialisé qui a été d’une grande aide pour les équipes d’INTERPOL.

Ce projet vise à renforcer les partenariats entre les services chargés de l’application de la loi et le secteur privé dans le but de recueillir des données sur les menaces auprès de diverses sources et de permettre aux autorités de police de prévenir les attaques et de mener rapidement des enquêtes à leur sujet.

L’opération a été organisée dans le cadre d’actions visant à soutenir des initiatives conjointes en Afrique avec l’appui financier du Bureau britannique des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement (FCDO). INTERPOL remercie le FCDO pour ce soutien.

En ces temps de menace accrue, il est rappelé aux citoyens, aux entreprises et aux organisations de se protéger des escroqueries en ligne en suivant les conseils donnés dans le cadre des campagnes #JustOneClick, #WashYourCyberHands, #OnlineCrimeIsRealCrime et #BECareful d’INTERPOL.