Saisie d’ivoire, de cornes de rhinocéros et de parties de pangolin et de tigre en transit de l’Afrique vers l’Asie

24 janvier 2022
Une opération d’INTERPOL permet de démanteler des réseaux de criminalité organisée se livrant au trafic d’espèces sauvages

SINGAPOUR – Une opération d’INTERPOL de huit semaines contre la criminalité liée aux espèces sauvages et le trafic y afférent a conduit à des arrestations et à des saisies à travers toute l’Asie et l’Afrique.

Cette opération baptisée « Golden Strike », qui s’est terminée à la fin de l’année dernière, visait les malfaiteurs et les réseaux impliqués dans la contrebande, depuis l’Afrique vers l’Asie, d’espèces sauvages protégées par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES).

Durant la phase préparatoire, les pays ont collaboré pour identifier les fugitifs figurant dans la liste INTERPOL des personnes recherchées, connus pour leurs déplacements fréquents entre l’Afrique, l’Asie, les États-Unis et la France et recherchés pour leur implication dans le trafic d’ivoire, de corne de rhinocéros et de parties de pangolin et de tigre entre les deux continents.

Les renseignements échangés entre les 23 pays participants avant les opérations ont permis aux enquêteurs de cibler les nouveaux itinéraires de trafic d’espèces sauvages. Les agents ont effectué des contrôles aux barrages routiers et aux postes-frontières terrestres, maritimes et aéroportuaires tout au long de la phase tactique des mois d’août et de septembre.

« La criminalité liée aux espèces sauvages et aux forêts, qui constitue le quatrième trafic le plus important au monde, va souvent de pair avec la fraude fiscale, la corruption et le blanchiment d’argent, voire le meurtre, les groupes criminels organisés empruntant les mêmes itinéraires pour acheminer illicitement les espèces sauvages protégées que pour convoyer les personnes, les armes, la drogue et d’autres produits illégaux », a indiqué Ilana de Wild, Directrice de la Criminalité organisée et des Nouvelles formes de criminalité à INTERPOL.

« Des réponses fortes et coordonnées, telles que l’opération Golden Strike, sont nécessaires pour lutter contre les activités des groupes criminels transnationaux organisés impliqués dans la criminalité liée aux espèces sauvages et démanteler les filières commerciales illégales dans les États d’origine, de transit et de destination », a-t-elle ajouté.

Des résultats exceptionnels

Bien que tous les résultats de l’opération ne soient pas encore connus, on sait qu’elle a déjà permis d’effectuer plusieurs milliers de saisies et d’identifier une centaine de suspects dans 23 pays, et qu’elle a conduit à des arrestations et à des enquêtes en lien avec le trafic d’espèces sauvages dans le monde entier.

Cette opération de huit semaines a conduit à des arrestations et à des saisies à travers toute l’Asie et l’Afrique.
L’opération a permis la saisie de plusieurs milliers de produits issus d’espèces sauvages.
423 kg d’écailles de pangolin ont été saisis lors de l’opération Golden Strike.
Plus de 120 spécimens d’espèces d’oiseaux protégées par la CITES ont été saisis durant l’opération Golden Strike.
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Voici un aperçu des saisies effectuées jusqu’à présent :

  • 1 202 pièces d’ivoire (4 tonnes)
  • 78 écailles de pangolins (423 kg)
  • 50 cornes de rhinocéros (72 kg)
  • 46 kg de vessies natatoires de totoaba
  • plus de 3 785 pièces de mollusques (52 kg)
  • 42 dents de requin  
  • 33 coraux rouges
  • 1 336 autres spécimens d’espèces protégées par la CITES
  • des spécimens vivants tels que :
    • 3 tortues aquatiques et terrestres
    • plus de 120 oiseaux

« L’opération Golden Strike a permis aux pays participants de synchroniser leur action, montrant ainsi la détermination des autorités de police à lutter contre ce type d’infractions », a déclaré Duan Daqi, Chef du Bureau central national INTERPOL de la Chine à Beijing.

L’opération Golden Strike est financée par le Gouvernement de la Chine.

Nouvelles tendances

Les autorités malaisiennes ont saisi 50 cornes de rhinocéros arrivées illégalement du Mozambique, confirmant ainsi que les itinéraires traditionnels continuent d’être utilisés par les groupes criminels organisés responsables du trafic d’espèces sauvages entre l’Afrique et l’Asie.

De même, la coopération policière internationale entre l’Afrique du Sud et la Malaisie a permis l’arrestation et la poursuite en justice de deux suspects qui avaient fait passer 45 kg de cornes de rhinocéros entre les deux continents.

Les autorités du Qatar ont quant à elles saisi 10 kg de cornes de rhinocéros en provenance du Mozambique et à destination du Viet Nam, ce qui montre que les produits issus d’espèces sauvages transitent de plus en plus par les pays du Moyen-Orient avant de rejoindre l’Asie.

Les opérations ont également permis de constater une augmentation du trafic panafricain, comme en témoigne la saisie, en République démocratique du Congo, de 50 kg de défenses d’éléphant et de 60 perroquets jaco à destination de l’Ouganda.

Le confinement et les restrictions de voyage imposés au cours des 18 derniers mois en raison de la pandémie ont obligé les auteurs d’infractions visant les espèces sauvages à quitter les marchés physiques pour se tourner vers les marchés numériques. Les enquêtes ont révélé une augmentation des infractions de ce type commises à l’aide de sites de commerce électronique, de plateformes de médias sociaux et de groupes WhatsApp.

La Thaïlande a déjà fermé 12 sites pour faire face à ce phénomène et des enquêtes sont en cours sur 20 autres sites.

Les résultats ont également mis en évidence une augmentation de l’utilisation de cages à oiseaux pour dissimuler et passer en contrebande de l’ivoire, comme en témoigne la saisie par l’Autorité d’immigration et de contrôle de Singapour d’un lot de cages à oiseaux contenant 256 pièces d’ivoire.

Moins d’un mois plus tard, une cargaison similaire contenant 184 pièces d’ivoire également dissimulées dans des cages à oiseaux a été interceptée.

Les renseignements recueillis pendant l’opération et enregistrés dans les multiples bases de données policières d’INTERPOL ont donné lieu à l’ouverture d’enquêtes connexes qui sont en cours dans d’autres parties du monde, notamment au sujet d’infractions liées aux espèces sauvages commises à l’aide d’Internet.

D’autres arrestations et poursuites sont à prévoir au fur et à mesure de l’avancement des enquêtes en cours dans le monde.

Les pays suivants ont participé à l’opération : Afrique du Sud, Botswana, Cambodge, Cameroun, Chine (y compris Hong Kong), Gabon, Indonésie, Kenya, Laos, Madagascar, Malaisie, Malawi, Népal, Nigéria, Ouganda, Philippines, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Singapour, Tanzanie, Thaïlande, Viet Nam et Zimbabwe.

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