Un escroc opérant en ligne arrêté au Nigéria grâce à un échange international d’informations

17 octobre 2019
INTERPOL a coordonné des enquêtes sur des affaires d’escroquerie aux faux ordres de virementse fraud

LYON (France) – Le réseau mondial d’INTERPOL a joué un rôle déterminant dans l’arrestation d’un Nigérian soupçonné d’avoir escroqué des centaines de sociétés en Europe au moyen de faux ordres de virement.

L’homme, âgé de 35 ans, a été arrêté par la Commission nigériane des infractions financières et économiques (EFCC). Il doit actuellement répondre de 45 chefs d’accusation en lien avec la cybercriminalité, la fraude et le blanchiment d’argent.

Les autorités nigérianes procèdent à la saisie de biens liés à l’homme soupçonné d’escroqueries aux faux ordres de virement.
Les autorités nigérianes procèdent à la saisie de biens liés à l’homme soupçonné d’escroqueries aux faux ordres de virement.

L’activité de gestion d’affaires opérationnelles menée par INTERPOL, dénommée « opération Raven », a débuté en 2018 après qu’une société en Norvège a été victime d’une escroquerie et subi un préjudice de plus de 110 000 EUR. Des liens ont été établis entre cette affaire et plusieurs autres en Europe, ce qui a permis aux enquêteurs de localiser l’auteur au Nigéria.

Grâce aux enquêtes menées par la Norvège, il a été établi que l’auteur était très actif dans le domaine de l’escroquerie aux faux ordres de virement ciblant en particulier des sociétés en Europe. Les enquêteurs auraient découverts les cordonnées de plus de 10 000 P.D.G. et directeurs financiers de sociétés en Europe et en Amérique du Sud dans les systèmes du suspect.

L’escroquerie aux faux ordres de virement (FOVI, ou BEC en anglais) est un type de fraude par ingénierie sociale consistant pour les escrocs à inciter par la tromperie des employés d’une société à leur virer de l’argent. Ils peuvent accéder aux appareils ou aux systèmes de la victime via des logiciels malveillants ou en exploitant des vulnérabilités en matière de sécurité, et en apprendre suffisamment sur les rouages internes de la société pour se faire passer de manière convaincante pour un collaborateur haut placé tel que le P.D.G. ou pour un fournisseur.

Rassemblant les pays concernés, l’unité d’INTERPOL chargée de la criminalité financière a organisé, en octobre 2018, une réunion de coordination des enquêtes à laquelle ont assisté des enquêteurs et des procureurs de sept pays et d’Europol, qui a joué un rôle clé en matière d’analyse. Par ailleurs, l’unité Cybercriminalité d’INTERPOL a analysé les données recueillies par les enquêteurs et produit des signalements d'activités cybercriminelles pour faciliter les enquêtes.

Sur la foi des renseignements échangés, l’EFCC nigérian a ouvert une enquête pour localiser le suspect, qui a été arrêté en mars. Les autorités pensent que le suspect et ses complices avaient accès à plusieurs comptes bancaires pour encaisser et blanchir le produit des escroqueries aux faux ordres de virement, les malfaiteurs étant soupçonnés d’avoir eu jusqu’à trois millions d’USD entre les mains.

L’enquête se poursuit, mais des centaines d’affaires d’escroquerie aux FOVI ont été reliées au groupe criminel à ce jour.

Même si nombre d’entre elles n’ont pas abouti et n’ont pas causé de préjudice financier, plusieurs tentatives – dont l’affaire norvégienne qui a déclenché l’enquête au niveau mondial – se sont soldées par des pertes importantes.

INTERPOL a organisé une seconde réunion de gestion opérationnelle en octobre 2019, afin d’apporter un appui supplémentaire aux enquêtes en cours.