LYON (France) – Une opération régionale de répression du trafic d’armes à feu en Afrique de l’Ouest a donné lieu à des arrestations et à des saisies au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Mali.
Cette opération transfrontalière, coordonnée conjointement par INTERPOL et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) sous le nom de code « KAFO », ciblait les individus et réseaux impliqués dans le trafic d’armes à feu dans la région et au-delà.
L’opération, qui s’est déroulée sur sept jours (du 11 au 17 novembre 2019) et a mobilisé 110 agents des services de police, des douanes, de la police des frontières et du ministère public des trois pays, a permis aux services chargés de l’application de la loi d’intercepter des armes à feu illicites et d’établir des liens avec des activités criminelles, notamment terroristes.
Outre les arrestations, les premiers résultats de l’opération portent sur l’identification d’un réseau régional de trafic sévissant depuis la Côte d’Ivoire, la saisie de marchandises illicites liées à la grande criminalité organisée au Burkina Faso et la confiscation de visas falsifiés introduits clandestinement au Mali à bord d’un autobus en provenance du Burkina Faso, une activité probablement liée à la criminalité organisée.
Des enquêtes sont en cours et devraient mener à d’autres arrestations et poursuites dans les trois pays.
Une opération fondée sur le renseignement
Le recueil de renseignements criminels en amont de l’opération a permis aux pays de cibler les lieux de trafic d’armes à feu, tels que les postes-frontières terrestres où des voitures, des autobus, des camions et des transporteurs de fret ont été fouillés.
Plusieurs armes à feu découvertes au Burkina Faso et au Mali ont été analysées pour remonter à leur pays de fabrication ou de dernière importation légale connue et retracer leurs propriétaires successifs.
Ce type d’action, associé à la comparaison des éléments de preuve balistiques provenant des douilles et des balles retrouvées, permet aux enquêteurs de relier un vaste éventail d’infractions, de criminels et de pays.
Des données cruciales au bon endroit et au bon moment
L’équipe du Programme INTERPOL sur les armes à feu a veillé à ce que les agents de terrain disposent d’un accès permanent aux nombreuses bases de données criminelles de l’Organisation, afin qu’ils puissent déterminer si un suspect était en possession de documents de voyage volés, était connu de la police dans l’un des 194 pays membres d’INTERPOL ou se déplaçait à bord d’un véhicule volé. Des milliers de vérifications ont été effectuées dans les bases de données d’INTERPOL au cours de l’opération.
La Côte d’Ivoire a octroyé un accès à la base iARMS (Système de gestion des données sur les armes illicites et du traçage des armes) d’INTERPOL à sa commission nationale de contrôle des armes légères et de petit calibre afin qu’elle puisse comparer les armes saisies avec les millions d’armes à feu perdues, volées, objet de trafic ou de contrebande répertoriées et échanger des informations policières sensibles et urgentes avec ses homologues du monde entier.
De telles commissions existent dans tous les pays de la CEDEAO en vue de prévenir, réprimer et éradiquer le trafic d’armes à feu illicites et de susciter une prise de conscience à l’échelle régionale afin d’en dissuader la fabrication.
« L’opération KAFO montre clairement qu’en mettant en commun l’expertise dont disposent les deux organisations au niveau mondial sur le terrain, l’ONUDC et INTERPOL peuvent faire en sorte que, partout, les frontières constituent un obstacle pour les malfaiteurs, tout en rassemblant les services chargés de l’application de la loi et en rendant le monde plus sûr », a déclaré Cyril Gout, Sous-directeur de la Police scientifique et de la Gestion des données de police, qui supervise le Programme mondial INTERPOL sur les armes à feu.
« L’application de la loi et la justice à l’échelle mondiale ont tout à gagner de ce type d’opération conjointe entre nos deux organisations, car cela nous permet de comprendre la situation du trafic d’armes à feu dans la région et les actions pouvant mener au démantèlement des réseaux criminels se livrant à ces activités », a ajouté Simonetta Grassi, Directrice du Programme mondial sur les armes à feu de l’ONUDC.
Développement des compétences en matière de détection et d’enquête en Afrique de l’Ouest
La formation préparatoire dispensée conjointement par INTERPOL et l’ONUDC avait pour but de doter les agents des compétences nécessaires à l’utilisation optimale des capacités opérationnelles d’INTERPOL et à la détection du trafic d’armes à feu dans des lieux stratégiques, en particulier aux frontières.
Les participants ont notamment été formés à l’utilisation de la base de données iARMS et du Tableau de référence des armes à feu (IFRT) d’INTERPOL, qui leur permettent de détecter et d’enquêter sur le trafic d’armes à feu sur le terrain.
Des experts des commissions nationales de contrôle des armes légères et de petit calibre, de la gendarmerie, de la police criminelle et des Bureaux centraux nationaux (B.C.N.) INTERPOL des trois pays concernés figuraient parmi les participants.
L’opération s’est conclue par une réunion de bilan organisée à Bamako afin d’analyser les résultats et de définir les prochaines étapes s’agissant du soutien à apporter pour continuer à lutter contre le trafic d’armes à feu illicites, notamment en ce qui concerne le suivi des enquêtes ouvertes à l’issue de l’opération.
L’opération KAFO a bénéficié du soutien de l’Allemagne, du Japon et de l’Union européenne (UE).
Financée par l’Union européenne, la base de données iARMS (Système de gestion des données sur les armes illicites et du traçage des armes) d’INTERPOL peut être consultée par les services chargés de l’application de la loi du monde entier afin de vérifier si une arme à feu saisie a été déclarée perdue ou volée par d’autres pays.