Le combat de l’Italie contre la mafia : un modèle à suivre dans la lutte contre la criminalité organisée transnationale, déclare le Chef d’INTERPOL lors d’une réunion à Palerme

11 juin 2012

PALERME (Italie) ‒ Le Secrétaire Général d’INTERPOL, Ronald K. Noble, a déclaré que l’action mondiale contre la criminalité organisée transnationale gagnerait à s’inspirer de la coopération policière internationale efficace et de la détermination nationale qui sous-tendent la lutte constante de l’Italie contre la mafia.

S’exprimant lors de la troisième réunion du Groupe d’experts (11 - 13 juin) chargé d’élaborer un « Recueil d’affaires de criminalité organisée », M. Noble a déclaré que cette initiative constituait une importante « boîte à outils » afin d’aider les pays à mettre en œuvre la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, signée en 2000 à Palerme, en leur présentant les principales meilleures pratiques en matière de techniques d’enquête, d’exercice des poursuites judiciaires et de coopération policière.

Lors de cette réunion, à laquelle assistaient le président du Sénat italien, M. Renato Schifani, le ministre de l’Intérieur de l’Italie, Mme Anna Maria Cancellieri, le président de l’Assemblée régionale de Sicile, M. Francesco Cascio, le préfet Antonio Manganelli, chef de la police italienne et directeur général de la sécurité publique de l’Italie, le directeur de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), M. John Sandage, et les membres du groupe d’experts, M. Noble a rendu hommage aux juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, ainsi qu’à huit fonctionnaires de la police italienne et à Francesca Morvillo, la femme de Giovanni Falcone, assassinés il y a 20 ans à Palerme dans des attentats à la bombe perpétrés par la Cosa Nostra.

Dans un contexte où des dizaines de milliers de personnes exerçant une fonction publique (ministres, députés, fonctionnaires de police et juges), mais aussi des journalistes, des écrivains, des professeurs et d’innombrables citoyens ordinaires, ont trouvé le courage de s’élever contre la mafia, M. Noble a déclaré : « En démontrant que ses institutions et son peuple ne faisaient qu’un face à la mafia, l’Italie donne l’exemple au monde entier dans la lutte contre la criminalité organisée ».

M. Noble a rappelé que Felicia Impastato avait consacré sa vie afin que les meurtriers de son fils soient traduits en justice, et que le Président Napolitano s’était rendu en Sicile cette année pour prendre part aux funérailles d’État organisées pour Placido Rizzotto, un dirigeant syndical assassiné en 1948 par la Cosa Nostra, mais dont le corps n’a été identifié que récemment.

Le Chef d’INTERPOL a déclaré qu’outre les institutions et les individus, la coopération policière et judiciaire internationales étaient tout aussi cruciales pour lutter efficacement contre la criminalité organisée, et que c’était précisément ce à quoi s’employait INTERPOL au sein de la communauté mondiale des services chargés de l’application de la loi.

Le préfet Manganelli a souligné l’importance de la coopération entre les 190 pays membres d’INTERPOL et déclaré que la coopération entre l’Italie et INTERPOL avait été « particulièrement étroite » au lendemain des assassinats des juges italiens.

« La lutte que nous menons aujourd’hui contre la criminalité organisée ne consiste pas seulement à arrêter les criminels, mais aussi à saisir leurs biens, et dans ce domaine, le réseau mondial d’INTERPOL a fourni un appui solide à l’Italie. Rien qu’en 2011, l’Italie a confisqué des biens, de l’argent et d’autres avoirs appartenant à la mafia pour un montant estimé à environ 9 milliards d’euros. À cet égard, l’Italie sera fière que le Recueil d’affaires devienne une ressource inestimable pour la communauté des professionnels de l’application de la loi du monde entier », a ajouté le préfet Manganelli.

M. Noble a précisé qu’INTERPOL avait récemment contribué à l’arrestation d’un des criminels les plus recherchés d’Italie, Vito Roberto Palazzolo, condamné à Palerme à neuf ans de prison pour association mafieuse. Palazzolo, qui faisait l’objet d’une notice rouge d’INTERPOL – ou avis de recherche international – a été arrêté le 30 mars à Bangkok par les autorités thaïlandaises avec l’appui du service de Soutien aux enquêtes sur les malfaiteurs en fuite d’INTERPOL et de la police d’État italienne.

« Je salue le préfet Manganelli pour le rôle moteur qu’il a joué et pour le dévouement qu’il a montré au fil des ans dans son travail avec INTERPOL et avec les innombrables autres services chargés de l’application de la loi dans le monde entier afin de lutter contre la criminalité organisée transnationale. L’Italie et la communauté policière internationale ont de la chance d’avoir en leur sein un professionnel si talentueux et si motivé », a déclaré le Chef d’INTERPOL.

Le projet de Recueil d’affaires de criminalité organisée a été lancé en 2010, pour le dixième anniversaire de la Convention de Palerme, sous l’impulsion de l’Italie, de la Colombie – dont M. Noble a loué la détermination à l’encontre des groupes de guérilla armés lors de la réunion – et de l’ONUDC, avec l’appui d’INTERPOL.