Grâce à l'Opération Bia II, la police ghanéenne délivre, avec le concours d'INTERPOL, 116 enfants soumis au travail forcé dans l'industrie de la pêche

25 mai 2011

ACCRA (Ghana) – Cent seize enfants victimes de trafic et forcés à travailler dans l’industrie de la pêche dans la région du lac Volta, ont été secourus par la police ghanéenne au cours d’une opération coordonnée par INTERPOL, qui a également abouti à 28 arrestations et autant de condamnations. Les enfants étaient âgés de 5 à 17 ans.

Quelque 80 fonctionnaires chargés de l’application de la loi ghanéens ont participé à l’Opération Bia II (6 - 13 mai), au cours de laquelle des équipes de policiers ont ciblé de façon simultanée certaines communautés de pêcheurs soupçonnées de faire travailler illégalement des enfants. Des officiers du Bureau central national INTERPOL d’Accra ont participé à cette opération, de même que des officiers spécialisés du siège du Secrétariat général d’INTERPOL, à Lyon. Les enfants ont été pris en charge par les services sociaux à l’issue de l’opération, qui a bénéficié du soutien des ministères de la Santé, de l’Immigration et des Affaires sociales, ainsi que d’organisations non gouvernementales et de travailleurs sociaux.

Les 28 personnes arrêtées lors de l’opération ont toutes été condamnées à 16 mois de prison après avoir plaidé coupable des chefs de mise en danger d’enfants et de recours à des mineurs dans le cadre d’activités dangereuses. L’opération a révélé que 15 des enfants victimes de ce trafic et secourus étaient originaires d’autres régions du Ghana.

« Le succès de l’Opération Bia II, qui a permis d’identifier et de secourir des enfants soumis au travail forcé et exploités est un solide point de départ pour mieux repérer ce type d’activités et y mettre un terme, et contribuera à sauver des centaines d’autres enfants », a déclaré Jon Eyers, le Sous-directeur d’INTERPOL en charge de la lutte contre le trafic d’êtres humains.

« L’Opération Bia II montre clairement les résultats que l’on peut obtenir grâce à la coordination des ressources et à la mise en œuvre d’un renforcement des capacités et d’une stratégie opérationnelle multidimensionnels afin d’aider les polices nationales à protéger les enfants du trafic et de l’exploitation », a ajouté M. Eyers.

Faisant suite aux opérations Bia, Cascades et Bana, toutes trois coordonnées par INTERPOL et menées respectivement en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso et au Gabon – où plusieurs centaines d’enfants victimes de trafic d’êtres humains et soumis au travail forcé ont pu être secourus –, l’Opération Bia II fait partie d’une série d’opérations visant à délivrer des enfants et à mener des campagnes de sensibilisation sur ces questions dans toute cette partie de l’Afrique.

À cet égard, le Directeur du Service de lutte contre le trafic d’êtres humains de la police ghanéenne, Mme Patience Quaye, a décrit l’Opération Bia II comme « un appel à l’action ». 

« L’Opération Bia II a provoqué un réveil des consciences dans le pays. Le gouvernement, les services chargés de l’application de la loi et les partenaires de tous les secteurs doivent se rassembler et travailler ensemble à prévenir l’exploitation des enfants par des individus qui violent leurs droits en tant qu’êtres humains », a déclaré Mme Quaye. 

Préalablement à l’Opération Bia II, des ateliers de formation ont été organisés par le Service de lutte contre le trafic d’êtres humains de la police ghanéenne, en collaboration avec des officiers du Bureau central national INTERPOL d’Accra et le siège d’INTERPOL, à Lyon, afin de former les policiers de terrain dans différents domaines, notamment aux techniques spéciales d’interrogatoire propres aux enquêtes sur le trafic d’êtres humains. 

Lors d’une opération distincte menée dans toute la ville d’Accra, des fonctionnaires de différents services chargés de l’application de la loi et des services sociaux ont interrogé 120 professionnels du sexe afin de déterminer s’ils faisaient partie d’un réseau plus vaste de trafic d’êtres humains opérant au Ghana. Vingt-neuf des personnes interrogées se sont avérées être des mineurs victimes d’exploitation sexuelle et ont été accueillies dans des foyers ou hébergées par les services sociaux de la ville. Les réseaux de trafic d’êtres humains visés par ces opérations font toujours l’objet de plusieurs enquêtes. Des initiatives en matière de renforcement des capacités ont par ailleurs été mises en œuvre à l’aéroport international d’Accra, où des fonctionnaires chargés de la protection des frontières ont pu suivre des formations sur la détection et la répression des activités relevant de la traite des personnes.