INTERPOL s'apprête à créer un groupe de travail international pour lutter contre le trafic de migrants

28 octobre 2010

LYON (France) – La création d’un groupe mondial spécialisé sur le trafic de migrants afin de renforcer le réseau stratégique et opérationnel de spécialistes de ce domaine, tel est le principal aboutissement d’une réunion internationale organisée sous les auspices d’INTERPOL, la plus grande organisation de police au monde.  

Les travaux de ce groupe spécialisé sur le trafic de migrants et les migrations illégales porteront essentiellement sur les techniques d’enquête et les interventions opérationnelles visant à combattre une forme de criminalité en plein essor, dans laquelle les réseaux criminels tirent parti d’une législation laxiste, d’une activité éminemment profitable et du risque relativement faible d’être détecté, poursuivi et arrêté par rapport à d’autres activités relevant de la criminalité transnationale organisée.

Il n’existe à l’heure actuelle aucune structure similaire de coordination, et ce résultat de la Conférence internationale sur le trafic de migrants qui, trois jours durant (du 26 au 28 octobre), s’est tenue au Secrétariat général d’INTERPOL, avec la participation de près de 110 spécialistes venus de 44 pays, permettra la création d’une plate-forme mondiale pour soutenir l’action de chacun des 188 pays membres de l’Organisation.

« Alors que des mesures sont prises à travers le monde pour identifier et démanteler les filières d’immigration clandestine au niveau des pays, ce nouveau groupe de travail constituera un centre de liaison pour l’action menée à l’échelle internationale par les services chargés de l’application de la loi, qui intensifieront ainsi leurs efforts contre ce type de criminalité », a déclaré le Sous-directeur d’INTERPOL en charge du service de lutte contre le trafic d’êtres humains, Jonathan Eyers.

« On estime à 44 millions le nombre de personnes déplacées dans le monde, qui constituent une cible importante et vulnérable pour des réseaux criminels sans scrupules souvent impliqués dans d’autres activités illicites telles que le trafic de drogues et la corruption », a ajouté M. Eyers.

Au nombre des initiatives couronnées de succès et des bonnes pratiques mises en exergue par les spécialistes présents à la réunion figure l’opération Pipeline, un projet ciblant les filières d’immigration clandestine entre la Colombie et les États-Unis. Les enquêteurs des pays concernés ont mis au jour le réseau transnational à l’origine du trafic de migrants, et un complément d’enquête a ensuite établi l’existence d’autres liens entre la bande et des activités de terrorisme et de blanchiment d’argent.

La filière a été démantelée, et avec 10 individus reconnus coupables de diverses infractions et condamnés à des peines allant de trois à six ans de prison, l’opération Pipeline a montré la multiplicité des aspects que revêt le problème du trafic de migrants.  

Parmi les autres points à l’ordre du jour de la conférence figuraient en bonne place l’usage de faux documents de voyage aux fins du trafic de migrants, et la nécessité pour les pays de veiller à ce que les agents chargés des contrôles aux frontières disposent de tous les outils nécessaires, tels que l’accès à la base de données d’INTERPOL sur les documents de voyage volés ou perdus, afin d’identifier les individus qui tentent d’entrer illégalement dans leur pays et de les empêcher de le faire.